Dominique FLEUR

Un nouveau style commence : après quelques années consacrées aux corps des femmes, TARDIVO s’est insensiblement éloigné de leurs formes épanouies. Leurs membres s’effaçant, il ne restait plus que des silhouettes imprécises entre homme et bête. Des êtres hybrides habitaient la toile.

Aujourd’hui le peintre se réapproprie les corps. Mais ceux-ci évoquent plus l’enfance que la féminité, et rappellent les dessins d’enfants de la phase-tétard. Il s’agit d’une enfance revisitée et réinterprétée, comme si TARDIVO, refusant (le s’embarrasser d’un discours théorique, cherchait a amenuiser l’espace entre l’idée et sa représentation ci a retrouver le jaillissement d’une expression immédiate et évidente.

Qui sont-ils ces personnages qui occupent tout l’espace de la toile ? Des mutants qui nous entraînent à leur suite, par Un raccourci, sur le chemin risqué des émotions directes. Ils se déploient mais leurs corps s’atrophient au profit de détails signifiants : les yeux, les mains, les pieds, plus remarquables alors.

Des lignes verticales ou circulaires forment l’ossature des personnages. Ces êtres cherchent à exister à tout prix. Car il s’agit bien là d’une renaissance qui se manifeste dans ce jaillissement de pieds et de mains et dans ce débordement d’énergie et de couleur. Là, on sent le désir et le plaisir de la peinture à l’état brut, la volonté clé se risquer sur de nouveaux chemins.

Un aphorisme de Duprat sur une des toiles de l’exposition nous rappelle que « la différence est un risque a prendre ». Le changement aussi. Mission
accomplie.

Dominique FLEUR
Novembre 1998