Béatrice FORET

MATRICES

Les personnages primitifs de Tardivo ont des appétits métaphysiques.

Le geste est fébrile, incisif, puissant. Des bruns terriens, des gris, des mauves, des bleus durs, des rouges violacés, la couleur se répand comme traînées de poudre sur la toile et le papier marouflé. Étayée de noir, la matière est dense, généreuse.

De ce magma organique surgissent les rondeurs fécondes de Vénus primitives. Réunies en diptyques, en triptyques, groupées par quatre ou plus, mais toujours isolées, les unes des autres, les silhouettes aux formes maternelles exaltent la vie dans sa vulnérabilité, son angoisse, sa dérision et son espoir.

Délivrée de l’artifice, du style, de l’esthétisme, la peinture de Tardivo est la quintessence d’une sensualité toute spirituelle. L’artiste peint depuis trente ans. C’est un maître.

Béatrice FORET
9 octobre 1992